La Philosophie du Beau : Pourquoi le Beau est-il si essentiel à nos vies ?
Sans que nous puissions définir objectivement la beauté, que nous observions le spectacle de la Nature, ou une oeuvre d’art, l’émotion, le plaisir, la satisfaction que nous ressentons, donnent une valeur intemporelle à cet instant privilégié. Le Beau renvoie au sacré et fait naître en nous un sentiment esthétique universel, digne d’admiration.
Le désir du Beau, révélé dans la contemplation, nous élève peu à peu vers la quintessence des idées, l’intelligible, la sublimation des désirs au profit de la quête de l’essence des choses selon Platon.
Nous aimons la beauté car présente et visible, elle nous fait accéder à l’invisible et engendre un plaisir esthétique suscitant joie, apaisement, parfois mélancolie.
Le Beau n’étant pas un concept pré-établi, déterminé, intangible, invariable, tout comme la Vie, il est appelé à se renouveler. Que le Beau relève de la Nature ou de l’esprit des Hommes, artistes ou non, il traversera les cultures, les époques, transcendera les codes esthétiques des sociétés et des civilisations. Le Beau suit simplement le regard qui l’embrasse.
La Naissance de Vénus - Botticcelli
Mais d’où lui vient une telle puissance représentative? Le Beau naturel ou le Beau artistique serait, nous dit Nietzsche, une question « vitale », un stimulant de la vie, une augmentation du sentiment de vie.
Charles Pépin, dira que « la Beauté nous sauve », en ce sens qu’elle permet à l’Homme de transformer son énergie vitale, ses pulsions et frustrations, en un « moment d’élévation spirituelle ». Le Beau, au coeur du sensible, nous conduit au dépassement.
Mais le Beau a ce pouvoir de provoquer un élargissement de nos perceptions, de nous faire accéder à des univers de sens inconnus et mystérieux, où nous dit Kant, à travers l’expérience esthétique se trouvent réconciliés, le sensible et la raison, la matière et l’esprit.
Le Beau, transcende toute référence utilitaire et fonctionnelle. Il est une fin en soi, et même davantage pour l’oeuvre belle, une « réalité additionnelle ». En effet, l’objet beau devient une nouvelle partie de notre réalité.
La Beauté nous offrirait donc un monde plus vaste, plus poétique, comme un accomplissement de l’individu avec lui-même et le monde; un transport hors de soi.
En ce sens, le Beau échapperait à tout dictat et ne dépendrait pas du goût de chacun ou de concepts puisqu’il aurait vocation selon Kant à représenter une « satisfaction esthétique universelle et désintéressée » ou pour Platon une vérité harmonieuse et attirante, un idéal, une perfection esthétique.
Cependant bien qu’universelle, la Beauté indissociable du regard de l’observateur, se soumet à son jugement, et lui reconnait dans le même instant singularité propre, puissance intellectuelle et conscience de soi pour Hegel.
Le Beau, par son pouvoir d’évocation, nous ouvre non seulement à la conscience d’être « présents » au monde, mais aussi à la dimension de l’imaginaire. Le « là-bas » qu’évoque l’oeuvre n’est pas un « autre » monde rêvé nous dit Edgard Morin, mais plus simplement notre façon de vivre « poètiquement » et pas seulement « prosaïquement ».
Pour François Cheng, « nous sommes transformés, rendus meilleurs par la beauté . L’Harmonie, l’état suprême de la beauté, sa qualité éthique, permet à l’Homme de conserver sa dignité, sa générosité, sa noblesse d’âme et de transcender sa condition humaine . La beauté est sens et intentionnalité au coeur de la destinée et de la liberté humaine… »